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Writer's pictureSarah-jane Fermin

Mon jardin dans la ville


Je m'appelle Sarah-Jane et je vis à Granville en Normandie. Amoureuse de la nature et handicapée, je ne peux pas jardiner à proprement parler. Alors j'ai fais de mon balcon un lieu où je pourrais cultiver des fleurs, des plantes et quelques fruits, un endroit où je pourrais jardiner et concevoir un espace créatif.


Au début, j'ai regardé beaucoup de blogs et de sites internet pour me donner des idées. En m'inspirant des vidéos d'une femme à Amsterdam qui avait transformé sa terrasse en plein cœur de la ville en un vrai potager, j'ai cru que je pourrais moi aussi faire un potager sur mon petit balcon. J'ai acheté des pots, des caisses et des contenant de toutes tailles. J'ai planté et semé un tas de plantes comestibles et des fleurs. J'ai commencé par cultiver des aromatiques. Au moins, ça servirait à la cuisine dont la fenêtre donne sur le balcon. Je me souvenais de Nigel Slater, un chef cuisinier britannique dont l'émission très inspirante passait sur la BBC. Nigel Slater allait cueillir des herbes aromatiques et des légumes dans son jardin pour les préparer directement dans sa cuisine juste à coté. J'aimais beaucoup son émission "Simple Supper" et ça me plaisait de pouvoir en faire autant et avoir des choses à cueillir sur mon balcon comme lui dans son jardin.


J'avais commencé modestement à planter des herbes aromatiques qui poussaient très bien en pot. Alors, j'ai voulu voir plus grand...



Dans une caisse à pomme, j'ai planté des pieds de tomates Marmande que j'avais fais pousser à partir de mes propres graines.

Dans le jardin de ma mère, faire pousser nos tomates et en récolter les graines année après année c'était facile. On le faisait depuis près de 15 ans et nous avions ainsi atteint une sorte de souveraineté alimentaire de la tomate. Mais sur un balcon, faire pousser des tomates aussi grosses, c'était très ambitieux.


J'ai préparé les semis pour le jardin de ma mère comme j'en avais l'habitude et je pensais en planter quelques pieds sur mon balcon. Je les ai toujours semées en février pour les planter au printemps. Bien sûr à cette période de l'année, on ne peut pas laisser les semis dehors car ils ont besoin de chaleur comme tout le monde sais. On recommande de les démarrer près d'une fenêtre au chaud où elles peuvent capter la lumière. Très vite, je me suis trouvée envahie de plants de tomates. C'était toujours ainsi quand je semais les graines de nos tomates car elles sont très productives. Mais, j'étais déterminée à continuer à cultiver ces fruits délicieux malgré que je ne sois plus à la maison. J'en ai fait pousser un peu plus pour en donner à des amis mais dans mon appartement, c'est vite devenu envahissant.


Quand il faisait beau, je mettais mon linge à sécher et aussi, je sortais les mini-serres sur le balcon pour que mes semis profitent du soleil. Depuis la fenêtre de la cuisine, je voyais mes semis qui poussaient. J'expérimentais toutes les techniques que j'avais mises au point quand je vivais chez ma mère: arrosage à l'eau filtrée et dynamisée, carillon et musique classique, enregistrement de chants d'oiseaux...

ma mère a pris beaucoup de petits plants de tomates pour son jardin et ma sœur en a prit aussi quelques plants. Il y avait de la Marmande mais aussi de la tomate Cosmos, une variété de petite taille que je voulais essayer. C'est mon amie d'enfance qui m'avait fait avoir ces graines. Comme personne d'autre n'a voulu de plants de tomates cette année, ceux qui restait, je l'ai juste laissés dans la table de culture sur le balcon en espérant les donner rapidement à quelqu'un qui ait un jardin. En fait elles ont poussé jusqu'à me cacher la vue. Au début ça ne me dérangeait pas, ça faisait même un joli brise-vue et ça m'apportait de l'intimité dans ma cuisine, une sorte de rideau végétal qui me cachait du parking et puis, les fruits ont commencé à pousser.

Je trouvait ça génial. J'étais en train de faire pousser des tomates marmande sur un balcon de HLM en plein cœur de la ville... Whaou!!


Tout allait bien jusqu'à ce que je me mette en tête de faire pousser des courgettes. Je n'avais bien sûr pas considéré la place que prend un pied de courgettes et ma youtubeuse de Amsterdam qui faisait des plans serrés sur ses cultures laissait penser que ça marchait. Chez moi, ça s'est vraiment gâté. L'odium s'est installé sur les courgettes alors que les fruits faisaient la taille de mon petit doigt. Sur internet, j'ai lu qu'on pouvait traité l'odium en pulvérisant du lait sur les feuilles. Je commençais vraiment à regretter d'avoir planté ces courgettes et je n'arrivais pas à les soigner avec cette méthode.




Toutes ces plantes ont aussi fini par attirer des pucerons. Je voulais encore traiter de façon naturelle pour préserver mes plantations, alors, toujours en cherchant sur internet, j'ai eu confirmation que le savon noir était le plus efficace pour lutter contre les pucerons. J'ai donc préparé une solution à vaporiser avec du savons noir dilué dans l'eau et j'ai essayé de soigner mes plantes en pulvérisant ma solution sur les feuilles malades. Mon balcon s'est mis à devenir glissant et casse-gueule au possible, ça m'a très vite gavée!


Mais comment cette hollandaise avait-elle pu faire pousser tout ce qu'elle avait filmé?


Manifestement j'avais été naïve de croire à tout ce que je voyais sur internet et malgré toute la patience et le temps dont je disposais, je n'avais réussi qu'à rendre mon balcon bordélique et crasseux... Quand mon mec est rentré, on a mangé les mini courgettes et la semaine suivante, j'ai vidé tous les bacs et j'ai jeté au container les plantes malades. J'ai charrié des kilos de terre que je pensais infectée par l'oïdium sans savoir trop ce que c'était que cette maladie. J'ai tout bazardé!


L'année suivante, j'ai recommencé. Ha on peut dire que je suis une acharnée! Je voulais tellement faire quelque chose de joli et de créatif sur mon balcon.


Mon compagnon travaillait sur les îles Chausey et moi, comme j'étais seule toute la semaine, je concevais mon balcon comme un petit jardin. Cette fois, j'avais décidé d'être raisonnable:

Dans mes jardinières, j'ai conservé les fraisiers qui ne donnaient que peu de fruits mais les fraises étaient énormes et délicieuses!


A la place des tomates qui, dans la caisse à pommes, ne donnaient que des feuilles et presque pas de fruits, j'ai planté une variété de framboisiers qui est censée se plaire en pot. J'en ai planté 4 pieds. Dans mes deux gros pots rond, j'ai conservé les plantes aromatiques et un gros géranium anti-moustiques. On avait de quoi manger et de quoi se protéger des moustiques.


C'était vert et fleuri. En fait, ça commençait à être joli.


 J'avais acheté un nichoir à Mésanges et un hôtel à insectes quand je suis arrivée et je les avais installés sur mon balcon pour le décorer parce que je n'imaginais pas qu'ils puissent attirer qui que ça soit. Pourtant, quand les framboisiers se sont étoffés et on fleuri, des abeilles solitaires sont venue pondre dans les alvéoles de l'hôtel à insectes et les petits bourdons venaient butiner les fleurs de framboisiers.



Dans ma table de culture je démarrais des semis pour le potager des jardins partagés du quartier. Mon Bonhomme allait de temps en temps y cultiver une parcelle.

J'étais tombée amoureuse d'un rosier emblématique qu'on voyait pousser sur les rond-points de la ville. J'avais envie de m'offrir un rosier "Jardin de Granville" qu'on voyait partout et dont la couleur et le parfum m'enchantait. Quand le fleuriste de mon quartier m'a annoncé que ce rosier était une exclusivité créé pour la ville et qu'on ne pouvait pas l'acheter, je me suis mis en tête d'en prélever quelques boutures sur le rond-point à coté de chez moi et un soir, avec un ami, je suis allée couper trois petites boutures que j'ai bichonnées jusqu'à avoir mes rosiers.




A la belle saison, mon balcon était un vrai paradis où le soleil donnait dès le début de l'après-midi jusqu'à son couché. J'y passais beaucoup de temps et je jardinais sans encombre malgré mon handicap. C'était un lieu facile pour moi, paisible et créatif comme je l'espérais. Le soir, je dînais là en écoutant les mouettes et les gamins qui jouaient en bas.


Dans le quartier HLM où je vis, plusieurs arbres ont été abattus à l'automne et, depuis mon balcon, j'ai vu quelques oiseaux voler et piailler de façon désordonnée et bruyante. Probablement ces arbres étaient leur habitat.


Alors, les voyant toujours s'approcher plus près, au plus froid de l'hiver, j'ai mis quelques boules de graines de bonne qualité et de l'eau à leur disposition. Mes installations, mes plantations et ma nature calme ont finalement su attirer un couple de mésanges affamées quand la neige a commencé à recouvrir le quartier.


Peu à peu leurs aller et venues m'ont fait penser que le couple qui s'était nourris des graines pendant l'hiver avait commencé à faire son nid dans le nichoir. Très vite "nos mésanges" ont commencé à remplir le nichoir de leur proies et c'est, vers et insectes dans le bec, qu'elle rentraient dans le nichoir devenu très bruyant au printemps. 


Une famille de mésange au complet vivait là désormais et depuis la fenêtre de la cuisine, nous pouvions observer et filmer nos petits locataires à loisir et sans les déranger.  

Parfois même, lorsque je jardinais, un adulte se posait sur le carillon pour annoncer sa présence aux petits qui se mettaient à piailler dans leur nid, et après s'être assuré que je ne bougerai pas, hop, il rentrait pour nourrir sa nichée.


Nous avons pu observer la famille de mésanges toute la saison d'été. Parfois un petit montrait sa tête devant l'ouverture du nichoir et semblait même nous regarder. On s'est pris quelques barres de rire en les regardant depuis l'autre coté de la fenêtre!



Un beau jour à la fin de l’été, profitant de notre absence, toute la famille a décampé. Fini les envolée joyeuses sur le balcon, fini le son du carillon et les piaillements de petits affamés. Il ne restait plus que l'automne qui venait et le grand nettoyage pour préparer les plantations à passer l'hiver. Nous n’avons pas touché au nichoir jusqu’à ce que l’automne soit bien installé, et quand nous avons ouvert le nichoir pour le nettoyer, nous avons découvert le nid fait de mousses, de poils et de végétaux divers. Il était épais et semblait très douillet.




J’ai nettoyé le nichoir et on l'a remis à sa place. Début octobre, j’ai eu la joie de voir une mésange inspecter le balcon et toutes nos installations. Elle a passé sa tête dans le nichoir, a repéré le parcours, les tuteurs, le carillon et a même jeté un œil dans l’hôtel à insectes. Je pense que l’Oasis est prête pour une nouvelle génération. Comme quoi tout est possible, même sur un balcon !



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